Max recrute !
Shlaaak !
« Aïe ! Vous me faites mal, Monsieur Max !
- J’en suis désolé, Léa, mais c’est une punition !
- Vous m’avez donné au moins douze coups de martinet, c’est trop !
- Je suis d’accord avec toi Léa, c’est beaucoup trop !
- Vous voyez !
- Il ne tenait qu’à toi d’en avoir moins : il te suffisait d’apprendre les paroles de la chanson !
- Mais je vous assure, Monsieur Maxou, que je les ai apprises…
- Pas suffisamment ! Et tu pourrais essayer de faire un petit effort pour chanter juste !
- Si vous croyez que c’est facile de chanter, accompagnée au martinet !
- Allez , on reprend.
- Hein ?? Pas depuis le début !
- J’ai bien peur que si, Léa…
- Attendez ! J’ai entendu frapper, monsieur Maxou.
- Tu essayes encore de gagner du temps, Léa ! Ce n’est pas… »
La porte s’ouvrit à toute volée et Charlotte fit irruption dans la pièce.
Max sursauta et lâcha le martinet qui tomba au sol. Gentiment, Léa se baissa pour le ramasser.
« Bonjour Max ! lança Charlotte en s’asseyant.
- Ah Charlooootte ! Quelle bonne surpriiise ! »
La dernière entrevue avec la présidente de la Fondation avait donné lieu à des échanges constructifs mais cuisants de part et d’autre… Max appréciait énormément Charlotte , son franc parler et son enthousiasme ainsi que sa main vigoureuse et son magnifique postérieur . Il savait aussi qu’elle ne se déplaçait pas pour rien.
« Je ne te dérange pas ?
- Euh , je finissais une leçon particulière de musique… Comme tu vois.
- Je vois . De musique ? Et … c’est normal que ton élève soit toute nue, je suppose ?
- Absolument Charlotte ! Le but, c’est que nos élèves chantent a cappella.
- Où ça ?
- Euh non Charlotte, a cappella, ça veut dire du chant pur, sans rien autour…
- Je sais ce que veut dire a cappella, Max ! Je connais le latin !
- Mais ce n’est pas…
- Bref ! Max, je t’annonce que tu as deux nouvelles enseignantes.
- Non, pas à ma connaissance.
- Si si, tu as besoin de professionnels qualifiés et je t’ai trouvé les perles rares. Elle commencent demain.
- Votre martinet, Monsieur Maxou… il était tombé par terre. Je me suis permis de le ramasser intervint Léa.
- Merci Léa. Tu as très bien fait . répondit Max en rangeant l’instrument dans son tiroir. Tu peux te rhabiller et nous laisser ?
- Bien sûr, Monsieur Maxou ! »
Max et Charlotte restèrent silencieux le temps que l’étudiante remette ses vêtements. Lorsqu’elle fut sortie, Max reprit :
« Deux nouvelles enseignantes demain ? On va voir ça : tu as les CV ?
- Pff ! Pas besoin de CV ! Tu as ma garantie! Tu verras : c’est du haut de gamme ! La première, c’est une fille du sud-ouest. Elle va prendre en charge les matières scientifiques.
- Bien… J’examinerai son dossier dès que j’aurai …
- Elle est là, dans le couloir. Je la fais entrer.
- Euh… »
La porte s’ouvrit à nouveau, et d’un pas alerte, une belle jeune femme s’introduisit et s’assit à côté de Charlotte sans y avoir été conviée.
« Voici ma coupine Myrtille, annonça Charlotte, elle va relever le niveau de ton institut. Tu vas voir ça !
- Je n’en doute pas, Charlotte répondit Max. Bonjour Madame, puis-je connaître vos motivations pour venir enseigner chez nous ?
- Je pense que dans votre Institut, le développement équitable pilote la clairvoyance fédérative sur la route d'un encadrement plus propice à l'instauration d'un climat de confiance. »
Quelques secondes de silence..
« Qu’est-ce que je t’avais dit ? reprit Charlotte. Elle a des compétences en chimie, en physique, elle maîtrise les circuits électriques comme sa poche, et en informatique, elle s’éclate !
- Je suis très impressionné ! répondit Max. Et en mathématiques ? J’ai récemment donné à mes élèves un petit problème qui leur a donné du fil à retordre. »
Il sortit une feuille de son tiroir et la tendit à la jeune femme . Celle-ci y jeta un œil, la reposa sur le bureau et dit :
« Je vais donc présenter ma réponse et mon raisonnement. Je pose L pour Luciana, M pour Margot et D pour Dorothée. L'énoncé peut donc s'écrire avec les équations suivantes :
M=L+3 ; D=3L et M+L+D=23.
On peut immédiatement trouver la valeur de L dans la dernière équation. Ce qui donne : L+3+L+3L=23 5L=20L=4
Ce qui me permet alors de résoudre les deux équations manquantes :
M= 4+3 M=7
L=3x4L=12
On obtient donc :
Margot 7 , Luciana 4 et Dorothée 12 ! »
A nouveau, le silence s’installa. Charlotte et Myrtille souriaient en regardant Max.
Celui-ci reprit la parole :
« Vous semblez avoir le profil requis, Myrtille. Il reste une petite formalité : quelle que soit la matière enseignée, je suis très exigeant sur le niveau de langue, et notamment l’orthographe. »
Pour la première fois, la jeune femme sembla un peu déstabilisée :
« Euh… bien sûr.., je suis moi-même très attentive au niveau de mes élèves.
- Je n’en doute pas. Vous ne verrez donc aucun inconvénient à ce que nous procédions à un petit test dès demain.
- Vous souhaitez que je commence par tester le niveau d’orthographe des élèves, Monsieur Max ?
- Pas du tout. C’est moi qui vais tester votre niveau d’orthographe… et bien sûr dans les même conditions que pour les élèves. Mêmes exigences… et mêmes sanctions.
- Max ! Tu crois que c’est vraiment nécessaire ? demanda Charlotte.
- Absolument ! En tant que présidente de la Fondation, tu comprendras que je mette une certaine rigueur dans le recrutement de mes enseignants.
- Oui , mais puisque je te garantis …
- Merci, Myrtille, à demain donc à la première heure, pour ce petit test. Je ne vous retiens pas : vous avez sans doute vos cours à préparer. »
La jeune femme regarda Charlotte, puis se leva et sortit… d’un pas nettement moins assuré. Max se tourna vers Charlotte
« Et l’autre enseignante, Charlotte ?
- Comment ?
- Tu m’avais parlé de deux enseignantes, me semble-t-il. L’autre est là aussi ?
- Oui.
- Tu peux la faire entrer ?
- Elle est devant toi. »
Max regardait Charlotte sans comprendre.
« Tu veux dire que … C’est toi ?
- En personne Max ! J’ai décidé de m’impliquer personnellement dans ton Institut. Tu devrais être content , non ?
- Ah mais… Je le suis, Charlotte… Je suis… ravi ! … J’ai juste une petite question.
- Je t’écoute Max.
- Tu veux enseigner quoi ?
- Ah mais le latin Max. Je suis latiniste.
- Ah mais bien sûr Charlotte ! Comment ai-je pu l’oublier ! Errare humanum est !
- Et rare est quoi ?
- Non rien ! Tu ne verras pas d’inconvénient à passer toi aussi un petit test demain matin , j’imagine !
- Enfin , Max ! Je suis la présidente de la Fondation !
- Ce n’est pas la présidente qui sera testée ! Mais la future enseignante émérite que je m’apprête à recruter.
- Mais pas avec les mêmes exigences que pour les étudiantes, quand même ?
- Ah , mais si, Charlotte ! Ici, pas de passe-droit, tu le sais ! A demain, donc. »
Se voyant signifier congé, Charlotte se leva et se dirigea vers la porte.
« A demain Max, dit-elle d’une toute petite voix.
- A propos, a capella, ce n’est pas du latin, mais de l’Italien. Mais je suppose que tu le savais, bien sûr … »