La curiosité est un vilain défaut
Mercredi après-midi… l’Institut semble bien vide. Léa avance dans les couloirs, à contrecœur, vers le bureau directorial. Elle aurait pu flâner dans les rues, déguster une glace, faire du lèche-vitrines! Tiens, oui : elle aurait pu retourner à la boutique pour changer cette robe, jolie, mais un peu courte… vraiment trop courte même.. Au lieu de ça, elle est collée : deux heures de retenue ! Tout ça à cause d’une dissertation oubliée ! C’est vraiment injuste…
La porte du bureau est ouverte… elle entre et s’immobilise en voyant le spectacle de désolation qui s’offre à elle : tous les meubles sont bâchés, il y a des échafaudages le long des murs, des grands seaux de peinture par terre. Deux hommes en blanc coiffés de bobs s’affairent, des rouleaux à la main.
« Excusez-moi, je cherche monsieur Maxou…
- C’est qui ça ?
- Euh monsieur Max, le directeur… c’est parce que je suis punie…
- Ah oui ! On est courant ma petite : la punition c’est que vous allez nous aider à repeindre le bureau.
- Hein ? Mais Je ne sais pas faire …
- C’est facile. Commencez par le plafond … montez sur l’escabeau »
Léa est interloquée : monsieur Max est sévère, mais là, il dépasse les bornes ! Lui faire repeindre le plafond du bureau, quand même ! Un des deux peintres lui donne un rouleau. Elle le prend à contrecœur et monte sur l’escabeau.
« Il faut lever le bras bien haut, ma petite dame… encore un peu plus haut ! »
Léa obéit. Elle sent que sa robe trop courte ne cache plus grand chose à l’œil égrillard des deux hommes. Elle ne peut rien faire : son bras droit est tendu vers le plafond et sa main gauche s’agrippe à l’escabeau.
La porte s’ouvre à toute volée et Max fait irruption dans la pièce.
« Léa ! s’écrie-t-il, furieux, Je te cherche partout ! Tu n’as pas autre chose à faire que d’empêcher les peintres de travailler ?
- Mais, Monsieur Maxou, c’est vous qui …
- Descends de cet escabeau et suis-moi ! Désolé, Messieurs, pour cet incident… Nous vous laissons travailler. »
Max marche d’un pas énergique. Apparemment, sa sciatique n’est plus d’actualité. Léa suit avec peine; des escaliers, des couloirs, encore une volée de marches… Les voilà dans une partie de l’Institut qu’elle ne connaît pas.
Au bout d’un couloir sombre, deux portes. Max ouvre celle de droite et fait signe à Léa d’entrer. La pièce est minuscule : un petit pupitre et une chaise suffisent à remplir tout l’espace.
« Et voilà ! Ici tu seras au calme pour rédiger ta dissertation .
- C’est un peu petit, monsieur Maxou… L’autre pièce, elle ne serait pas plus grande ?
- Quelle autre pièce ?
- La porte en face…
- Non. Il n’y a rien en face. D’ailleurs, je t’interdis d’ouvrir cette porte ! Compris ?
- Bien sûr, monsieur Maxou !
- Allez ! Au travail ! Je te laisse, j’ai autre chose à faire ! »
Léa reste seule, face à sa feuille blanche… Elle suçote son stylo, regarde en l’air… Mais rien ne vient ! Quelle idée aussi de donner une dissertation sur le thème de la curiosité !
Une demi-heure passe…
Elle a besoin de se dégourdir les jambes. Elle se lève et va dans le couloir. La porte d’en face l’intrigue…Personne en vue. Elle tourne la poignée et constate qu’elle n’est pas verrouillée. Elle se trouve alors au pied d’un minuscule escalier en colimaçon. Prudemment, elle monte les marches, pousse une autre porte et se retrouve dans l’obscurité. A tâtons, elle finit par trouver un interrupteur qu’elle actionne.
C’est une lumière très tamisée qui s’installe. Il s’agit d’une chambre, apparemment, puisqu’il y a un lit… La décoration est lugubre : des dessins bizarres sur les murs… Dans un angle, deux courroies descendent du plafond. Dans l’autre angle, quelque chose qui ressemble à une grande cage. Elle n’est pas rassurée et s’apprête à rebrousser chemin lorsqu’elle entend des pas énergiques dans l’escalier ! Elle panique, cherche à ouvrir la cage dans l’espoir bien puéril de se cacher à l’intérieur… Mais Max est déjà dans la pièce !
« Il me semblait t’avoir interdit d’ouvrir cette porte, Léa !
- Je… je cherchais les toilettes en fait. Je suis désolée… mais là , j’y retourne !
- Tu sais où tu es, Léa ?
- Pas du tout, je …
- Tu es dans une partie de l’Institut qu’on appelle le donjon. C’est ici qu’on amenait les étudiants récalcitrants autrefois…
- Ah ?
- C’était une autre époque, Léa ! Aujourd’hui, on n’infligerait plus de tels traitements à nos étudiants…
- Heureusement…
- Sauf dans des cas très graves !
- Des cas très graves ? C’est à dire ?
- Je pense au cas d’une étudiante qui ne ferait pas sa dissertation, qui irait distraire les ouvriers dans leur travail, qui désobéirait sciemment aux consignes…
- Mais monsieur Maxou, je …
- C’est pour satisfaire ta curiosité intellectuelle, Léa ! Tu vas avoir un léger aperçu des châtiments corporels d’antan. Déshabille-toi !
- Pas complètement, quand même ?
- J’ai bien peur que si, Léa ! » réplique Max en mettant la main dans sa poche.
Léa le voit en tirer un objet qu’elle connaît bien : la caressante… Elle essaie un regard implorant, mais Max, d’un geste agacé, lui fait signe de se dépêcher.
La robe et les sous-vêtements se retrouvent bientôt déposés sur le lit. Max s’approche et fixe les poignets de l’infortunée étudiante dans les courroies. Elle est maintenant à la merci de son tortionnaire !
Et soudain, elle entend le sifflement caractéristique qui précède de quelques centièmes de secondes l’impact. Bien qu’elle ait déjà été en contact avec cette « caressante », elle est surprise par la morsure des lanières. Elle grimace, elle se tortille, elle implore :
« Je crois que j’ai eu un bon aperçu, monsieur Maxou… Aïe ! »
Imperturbablement, Max poursuit sa besogne. Les fesses de la pauvre Léa s’ornent maintenant de belles zébrures.
Et puis ça s’arrête… Elle aimerait bien frotter ses fesses endolories, mais elle est entravée !
« Je te fais grâce de la cage, Léa ! annonce Max en la détachant
- Merci monsieur Maxou ! » gémit Léa en s’effondrant sur le lit.
« Tu peux te reposer cinq minutes, et retourner à ta dissertation. Je te conseille de la terminer rapidement, si tu ne souhaite pas revenir tout de suite dans le « donjon » !
- Je … vais suivre votre conseil , monsieur Maxou ! »
Max sort. Léa frotte ses pauvres fesses, puis finit par se rhabiller. Au moment de sortir, elle jette un dernier regard à la pièce : non, décidément, elle n’a pas envie d’y revenir de sitôt !
Elle descend précipitamment les escaliers, s’installe à son pupitre et se met à écrire frénétiquement !